18 chambres

Pas une de moins. Même que je pourrais techniquement dire 18.4 chambres (des déménagements à l'intérieur d'une même demeure, ça compte).

Avant toute chose, je crois que ce serait bien d'expliquer en quoi consiste ma rédaction. Comme elle est en deux parties, recherche-création oblige, je vais commencer par la partie création parce que c'est également par elle que j'amorce mon mémoire.

Je veux écrire une pièce de théâtre. (Oui, moi qui n'ai écrit que des poèmes et des courts fragments de prose poétique jusqu'à présent.) Plus précisément, je veux écrire un monologue hybride (entre littérature intime et photographie). Les buts: étudier les thématiques de l’identité instable et changeante, le déplacement et sa fréquence ou sa répétition, et le quotidien comme moteur de création. La pièce dressera un autoportrait fragmentaire divisé en dix-huit tableaux, un pour chacun de mes déménagements. (Oui, je répète, tu as bien lu 18. Il y a plusieurs causes pour expliquer tous ces déplacements, certaines plus positives que d'autres, peut-être que j'y reviendrai. Sinon, peut-être aussi, pourras-tu voir ma pièce un jour, dans un théâtre près de chez toi et ainsi, comprendre un peu mieux.)

Mon plan pour cet été: revisiter tous les lieux où j’ai résidé (et tenter d'y survivre émotionnellement) et nourrir l’écriture de la pièce de notes et de photographies prises lors du parcours retraçant mes différentes habitations. L’objectif est de voir comment, et dans quelle mesure, ces nombreux déplacements ont eu (ou non) un impact dans mon parcours, et sur la construction de mon identité. Je postule que le déplacement ouvre un espace de réflexion, un entre-deux, un entre-lieux, où la mobilité appelle le texte, rythme la pensée et l’écriture, par la juxtaposition du soi et du lieu. La mobilité sera cruciale pour la pensée du « soi » proposée par la pièce. L’autoportrait se construira autour d’un dialogue permanent entre deux temporalités, soit le passé et le présent, alors que le quotidien de la déambulation et la mémoire des lieux se répondront.

La forme hybride de ma pièce repose sur l’établissement d’un dispositif texte/image, dans la façon dont la photographie et la littérature interagissent. Je compte utiliser divers appareils photographiques (polaroïd, argentique, numérique) puisqu'ils apportent tous quelque chose de différent, parce qu'ils travaillent tous des aspects différents de la capture d'instantanés.

UPDATE: depuis, j'ai déménagé une 19e fois.